On va à l'usine ensemble avec mon père. Ce matin encore, il est debout avant moi, vers les cinq heures et demie. Depuis mon lit, je l'entends quitter sa chambre, faire couler l'eau au lavabo du palier, s'asperger longuement le visage. Après, il frappe les deux coups secs à ma porte et descend à la cuisine. Il prépare le café et aussi quelque chose à mettre dans nos gamelles pour midi.
Quand je le rejoins, nous nous saluons d'un regard. Je soulève le couvercle des casseroles où cuisent des œufs et des lentilles au lard. Je demande à mon père s'il n'a pas eu trop froid durant la nuit.
D'après Antoine Choplin, Cour nord, 2010